Elle répondit gaiement qu’il n’y a de danger que pour ceux qui ont peur. Le garde s’éloigna ; elle regagna sans hâte le chemin des voitures. Son cœur n’avait pas battu plus vite, elle était satisfaite d’elle-même, regrettant un peu qu’au lieu du garde ce n’eût pas été quelqu’un de ces « mauvaises gens » dont il l’avait menacée qui fût sorti du fourré. Elle eût aimé qu’un risque précis s’offrît en ce moment où elle se sentait en goût d’aventures violentes. À la Croix-Catelan, elle reprit son fiacre et, lorsqu’elle arriva à la Cascade, elle trouva tout le monde réuni. Il était huit heures dix, on s’informa des raisons de son retard.
— Je me suis promenée dans les taillis, dit-elle tranquillement, en ôtant sa voilette.
— Mais, chère madame, c’était de quoi vous faire assassiner ! s’écria M. de Lurcelles.
— Non, répondit-elle, creusant un peu la taille, pendant que Marken lui ôtait son manteau, il n’arrive jamais rien qu’aux poltrons.
— Ah ! par exemple !…
– Eh bien, ma bonne petite, si vous prenez l’habitude des fourrés du Bois, vous verrez !…
— Voyons, madame, vous ne lisez donc pas les faits divers ?
— C’est tellement inutile de risquer des dangers bêtes !
— Moi, j’ai toujours un revolver sur moi quand je viens dîner par ici ; il n’y a pas à compter sur la police ; alors…
Tous avaient ensemble manifesté le mécontentement qu’éprouvent aux dilettantismes du courage les gens rassemblés dans la sécurité. Marken tenait encore