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poussière, redresser les chapeaux, mettre de la poudre. Marken n’était pas visible. Jacqueline s’étonnait qu’il ne se fût pas trouvé au perron lorsqu’elle descendait de voiture. Mais qui sait ? Il pouvait n’être pas venu. On n’avait invité à cette fête que les relations dont on était glorieux ; les Marken ne rentraient pas dans cette catégorie. Jacqueline craignit une déception, regretta d’avoir pris tant de peine pour le bon plaisir de madame Steinweg, s’affirma qu’après tout ça lui était bien égal de ne pas voir Marken, et fut soudain de mauvaise humeur et fatiguée de toutes choses.

Elle retrouva ses compagnons de route dans les couloirs ; on descendit le grand escalier en causant. M. Steinweg surgit. Il était maigre, d’apparence minable, avec ses yeux pâles et très froids, un sourire qu’il ne décrochait jamais en public. Il se permit de supplier ses hôtes de vouloir bien entrer dans la galerie — une reproduction de la galerie des Glaces — décorée en ce moment de chrysanthèmes dont les guirlandes alourdies tombaient du plafond, s’enroulaient au cadre d’or des miroirs, retroussaient le velours de Gênes des rideaux, contournaient les portes, et saturaient l’air de leur puissante et mélancolique odeur de camphre, d’humidité et de japonnerie.

Une centaine de personnes, hôtes du château ou voisins, était réunie là. Madame Steinweg était fière de deux duchesses, l’une américaine et l’autre de noblesse impériale, — et d’une assez respectable sélection de grands noms français. La mariée, éclatante d’une indiscrète beauté orientale, était toute couverte d’un vieux point d’Angleterre, lequel avait appartenu