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leur dernière rencontre devait faire souhaiter à madame des Moustiers de briser toute relation avec lui ; il supposait, du moins, que telle était l’interprétation rationnelle du billet qui, à l’heure où elle devait venir elle-même prendre des nouvelles de madame Marken, avait annoncé son départ pour Blancheroche. Il savait à l’avance qu’il n’y avait aucune chance pour qu’elle répondît à sa lettre, et ne se serait même pas risqué à l’écrire si la circonstance de l’apparition d’un livre anglais ne lui en avait inspiré le courage. C’était une manifestation curieuse de cette littérature de la peur dont les Anglo-Saxons détiennent le secret d’équivoque saveur. Il était certain qu’elle goûterait ce livre et se permettait de le lui envoyer. Puis, quittant le ton de l’apologie, il contait avec une drôlerie méchante la rencontre qu’il avait faite de M. d’Audichamp, « un Audichamp d’été », disait-il, le panama crâneur, seul à Paris, et suivant, l’œil rajeuni, des « petites mains », à la sortie des ateliers, rue de la Paix. Ensuite venaient des aperçus descriptifs sur madame Steinweg, précipitamment rentrée de la campagne pour ne pas manquer le passage d’un grand-duc. La lettre se terminait sur une demande de conseil au sujet d’un article qu’il voulait faire. Il semblait oublier qu’en commençant d’écrire il avait déclaré que sa lettre ne comportait pas de réponse.

Jacqueline lut le livre et répondit à la lettre. L’adresse que mettait Marken à rétablir entre eux le contact l’amusait. Il lui parut moins déplaisant que cet homme eût été tenté de voler de l’argent et des testaments, de mettre des billets faux en circulation ;