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l’assassin pour reprendre mon entrain. Et puis le contraste entre ce que je viens de voir et ton sang-froid est trop fort.

— Qu’as-tu donc vu ?

— Un homme sur qui, sans doute possible, quelque chose d’horrible est tombé. Est-il mêlé à tout cela ?… Enfin, quoi qu’il en soit, il est vaincu, détruit. Il serait mort demain que je n’en aurais aucune surprise. Au milieu de sa détresse, ce fou ne pense qu’à toi ; il n’a qu’une idée : te voir une dernière fois, et tu réponds à ce désir du ton qu’on prend pour ajourner poliment une relation importune et compromettante… Tu as eu une attaque de nerfs, sans doute, après mon départ… C’était indiqué. Une femme du monde qui frôle de telles aventures se doit cela à elle-même. Maintenant tu t’es reprise, il te reste seulement l’impression désagréable que le tragique cause aux personnes de goût, et l’écœurement, oh ! si naturel, d’avoir encore quelque chose à faire avec « ces gens-là ». Tu as bien raison ; frayer avec un anarchiste, c’est quelque chose de pire que de passer l’après-midi dans l’atelier d’un peintre qui t’a suivie dans la rue… Moi qui ai vu souffrir ce malheureux, je te trouve un peu médiocre en tout cela ; excuse-moi une fois encore ; les délicatesses des gens chic m’échappent si complètement !…

— Dis donc la vérité, tu l’aimes !

— Oui, certes, comme mon frère… Que penses-tu d’autre ?

— Ah ! je n’en sais plus rien. Ta colère me fait perdre la tête. Tu feins d’être irritée parce que tu crois que je ne veux pas voir monsieur Hansen ; en