Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/302

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

André avait bien deviné. Réponds-moi, Léo, je t’en supplie.

— Ne t’agite pas, il ne court aucun danger… Il me l’a affirmé, du moins… Mais il n’a rien voulu me dire sur tout cela. À mes premiers mots, il m’a défendu de l’interroger, de telle sorte que je n’ai pas insisté. Il avait la Patrie sur sa table. Peut-être a-t-il appris comme nous, par hasard ; peut-être savait-il. Je n’ai rien pu démêler. Il était dans un état extraordinaire, très calme, horriblement calme. Avec des yeux qui ne regardaient pas… J’en ai vu de pareils dans les hospices, pas ailleurs.

— Mais enfin, il y a vingt-cinq minutes de trajet d’ici chez lui : tu es restée deux heures. Il t’a parlé ? De quoi ?

— De toi.

— Et que disait-il ?

— À quoi bon répéter tout cela ? Il souhaite te voir une fois encore, et, je ne sais pourquoi, j’ai eu le sentiment qu’il considérait que ce serait la dernière… Tu ne te soucies probablement pas de le rencontrer ?

— Mais… si… certainement… Je serai contente.

— Ah ! ma pauvre fille ! Si tu savais comme tu viens de dire cela !… Il n’y a pas une fibre en toi qui ne se révolte à l’idée de te trouver un instant avec lui… Tu as peur d’être mêlée à quelque vilaine histoire, hein ?

– Mais, Léo, de quel droit me parles-tu sur un ton pareil ?

— Je te prie d’accepter mes humbles excuses. J’ai été remuée profondément, moi, et il ne me suffit pas, comme cela te suffit, de savoir que ce n’est pas lui