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dans la chambre blanche où elle avait senti les bras d’Erik autour d’elle. Et elle songeait que peut-être, en cet instant, il montait l’escalier, qu’il allait ouvrir la porte, entrer. Comment expliquer sa présence dans l’atelier de Roustan ? Que penserait-il ? Quelle colère et quelle douleur elle verrait dans ses yeux ? Mais non, il n’avait pas de colères, il était maître de lui-même en toute occasion, elle le savait bien, et il la respectait ; la rage et les violences, c’étaient les moyens de l’autre, le dangereux outlaw, l’énergique et redoutable personnage qui lui avait serré le poignet si durement qu’elle portait encore la marque de ses doigts méchants et rudes.

Roustan lui parlait, mais elle n’entendait pas les mots qu’il disait. Elle se retourna vers lui, avec un air de hâte.

– Adieu, monsieur, fit-elle. Je vous remercie de votre obligeance. Vous aviez raison, nous nous reverrons certainement quelque jour, et dans des circonstances moins absurdes, je l’espère.

— Oui, madame, nous nous reverrons, répondit le peintre avec un grand sérieux. Permettez-moi de vous accompagner jusqu’en bas.

– Non, merci, vous m’avez bien assez accompagnée aujourd’hui. Restez là… Je le désire.

Elle lui tendit la main. Roustan eut l’air hésitant, éperdu ; puis, courbé très bas, il baisa son gant. Elle sourit avec une mélancolie railleuse et sortit de l’atelier.