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dées, fraîches et mates. Non encore dégagé de l’imitation de Degas, et visiblement hanté par les géniales formules de Forain, Roustan marquait déjà pourtant une personnalité en formation et de qualité supérieure.

— Vous êtes un visionnaire du réel, dit Jacqueline, interrompant ses explications relatives à la mère Gambier.

Et elle ajouta, sur l’une des toiles de Roustan, quelques mots précis qui étaient des éloges.

Le jeune homme rougit absurdement, avala sa salive, eut l’air d’un poulet qui s’étrangle, et ne sut rien répondre.

Jacqueline, continuant sa promenade dans l’atelier, venait de s’arrêter devant un ressaut du mur auquel était attaché un grand cadre de bois blanc, qui contenait des photographies d’après des maîtres. Elle se tut, un moment, puis :

— Vous êtes allé en Italie ? demanda-t-elle.

— Non, hélas ! Pas encore.

— Qui vous a procuré cette photographie ? Je croyais qu’on ne la vendait pas à Paris. Je l’ai inutilement cherchée, il y a un an.

Elle désignait le Mercure de Milan.

— Ah ! celle-là ! C’est un de mes amis qui me l’a rapportée.

— C’est un peintre, votre ami ?… Un de ceux avec lesquels vous devez dîner au Chalet du Cycle ?…

– Ah ! diable ! non… Et ce n’est pas un peintre non plus… c’est quelqu’un que certainement vous ne connaissez pas… Un être admirable. Il s’appelle Erik Hansen.