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III


Jacqueline trouva dans la rue sa voiture qui l’attendait et elle la renvoya. À peine les chevaux avaient-ils tourné l’angle du boulevard qu’elle s’étonna de ce qu’elle venait de faire. Un moment, elle resta sur le trottoir, brûlée par la chaleur, étourdie de la sensation opaque et rapprochée de l’air et du bruit de l’été. Une distraction lui brouillait la vue, ses idées glissaient l’une sur l’autre comme des découpures de papier noir sur un transparent tendu. Elle réentendait la voix de Marken : « Allez-vous-en, vous ferez bien ». Comment avait-il pu advenir qu’un homme lui parlât ainsi ? Sa notion d’elle-même et de tout le reste de l’humanité hésitait, incertaine, trouble, discordante. Il lui paraissait qu’il pouvait bien y avoir dans le vaste monde et même dans le monde étroit où elle vivait une foule de choses dont les livres et ses propres expériences de lui avaient rien appris. Déjà