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mière fois où, dix-huit mois plus tôt, elle avait croisé son regard avec celui de Marken.

Il s’avança vers elle et, au moment où elle touchait le bouton de la porte, abattit sa main sur le poignet de la jeune femme, d’une étreinte si rude qu’il parut à Jacqueline qu’elle n’avait plus ni force ni poids, qu’elle était une chose molle serrée tout entière dans l’étau de ces doigts. Elle sentit la rage de Marken entrer en elle et rayonner de cette étroite place où il la tenait ; la violence circula dans son sang comme un virus rapide. — Êtes-vous fou, monsieur ? dit-elle avec du courage et de l’injure dans tout son être.

L’ardente rougeur de Marken s’effaça en une seconde ; il devint affreusement pâle, sa respiration s’embarrassait. Laissant retomber le bras de Jacqueline, il dit :

— Oui… allez-vous-en, vous ferez bien.

La menace de l’accent acheva l’exaspération de madame des Moustiers.

— Pensez-vous que j’aie peur de vous ? dit-elle.

— Vous auriez raison peut-être… Je ne suis pas un de vos amuseurs ordinaires avec qui l’on joue sans danger… Partez !

— Soyez tranquille, je n’ai aucun désir de rester ici. Je souhaite seulement vous dire que vous êtes l’homme le plus mal élevé qu’il m’ait été donné de rencontrer.

Marken eut un rire cassé et discordant.

— Caliban n’a pas de jolies façons avec Miranda, dit-il ; ça n’empêche pas qu’il puisse devenir à l’occasion une brute assez dangereuse.

— Ça se musèle et ça se cravache, les brutes ! dit