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saviez comme il me traite ! Et pourtant, je le vaux bien, je suis de bonne famille, moi… tandis que lui… Ah ! papa avait bien raison de me dire : « On n’épouse pas un journaliste. Qu’est-ce que c’est, un journaliste ? rien… » Et j’ai trouvé des partis si brillants !… Un certain marquis Cutto, un Sicilien, qui m’adorait, madame, et le baron Lardini, qui est dans la diplomatie, et qui sera ambassadeur… Mais non, il a fallu que je prenne cet homme-là, ce mauvais homme. Vous ne pouvez pas savoir, vous dont le mari est un homme de bien et si courtois pour vous, la vie que me fait celui-là ? Pour tout, madame, ce sont des scènes. Et quelles !… Si je lis une de ses lettres, — ça n’est pas mal de lire les lettres de son mari, – il a de ces colères !… je crois qu’il va me tuer…

— Calmez-vous, dit Jacqueline. Il faut vous tenir tranquille. Votre mari est agacé de vous voir souffrante. Tous les hommes sont ainsi.

Elle parlait un peu durement, comme à un enfant qu’on tâche de réduire par le verbe avant d’en venir aux coups.

La porte s’ouvrit.

— Le docteur est là, peut-il entrer ? dit Marken, du seuil, où il s’était arrêté.

— Oui, oui, le si cher docteur ! C’est un compatriote, expliqua-t-elle à Jacqueline, il est si bon ! Qu’il entre tout de suite, Étienne, ne le fais pas attendre… Chère madame, excusez-moi, combien il me déplaît !… mais que faire ?

— Adieu, je vous laisse. Tâchez de guérir vite, dit Jacqueline en sortant avec Marken.

Quand ils furent dans le salon :