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hantées… Nous nous entendons à merveille, elle et moi… Elle sait bien de quoi je serais capable pour l’amour d’elle.

Il avait le visage très grave, mais sa voix raillait.

— Allons voir votre malade, dit Jacqueline.

Marken ouvrit une porte et s’effaça. Dans des mousselines, du satin paille et d’admirables guipures, madame Marken était étendue parmi des boîtes à poudre et des glaces, coulées aux plis des couvertures. D’un geste saccadé, elle pressait la poire d’un vaporisateur qui répandait en pétillements une vapeur d’héliotrope. Malgré les taches rouges, visibles sous son blanc, et dont la fièvre marbrait sa peau mate, elle était très jolie.

— Ah ! chère madame, cria-t-elle d’une voix plaintive et rageuse, quelle bonté de venir me voir !… et quelle infortune d’être ainsi malade, précisément la première fois que vous consentez à déjeuner ici ! Qui sait maintenant quand vous reviendrez ?… Dio mio ! comme j’ai mal à la tête. Croyez-vous que ce soit périlleux, ce que j’ai ? Le typhus, peut-être ?… Vous resterez quand même, n’est-ce pas, à déjeuner avec Étienne ? Il vous admire tant !… Comme tout le monde, du reste… Je le disais encore hier à la marquise de Lurcelles… Quel joli chapeau vous avez !… Santissimo ! ma pauvre tête !…

Jacqueline profita de ce qu’elle se taisait un moment pour s’enquérir des détails de son malaise. Elle les obtint, nombreux, agrémentés de commentaires saugrenus. Pendant que sa femme discourait, Marken arpentait la pièce.

— Oh ! Étienne, ne marche pas comme un lion