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que pour y entendre le grand chanteur italien ; la déception lui donnait de l’humeur.

— Évidemment, je n’ai aucune responsabilité dans le rhume de ce musicastre… Je pourrais vous dire même que je viens de recevoir le pneumatique qui l’excuse. Mais la vérité, c’est que j’ai su hier soir qu’il ne venait pas… Il était tout indiqué de vous téléphoner, vous ne vous seriez pas dérangée…

— Comment pouvez-vous croire ?…

— Ah ! madame, je vous en supplie, ne tentez pas d’être polie ! J’accepte d’être traité par vous comme un inférieur toléré, parce qu’il est bien entendu que j’ai la claire conscience de ma situation. Du moment où vous essayeriez de me duper avec de la courtoisie, tout cela ne serait plus supportable.

— Je ne comprends rien à ce que vous dites.

— Je vais tâcher d’être plus clair… Vous vous êtes décidée à déjeuner ici parce que, en cette saison, vous n’aviez pas la chance d’entendre Morelli ailleurs. Il n’y a pas de Morelli ; il fallait vous avertir que le marché ne tenait plus. J’ai manqué de courage pour me priver de cette occasion qui, probablement, ne se retrouvera pas ; c’est de cela que je m’excuse.

— Je ne compte pas vous répondre. Madame Marken va bien ?

— Non, justement. C’est la seconde de mes mauvaises chances. Elle a depuis ce matin un gros accès de fièvre. Elle avait espéré pouvoir rester debout. Mais elle était trop souffrante, vraiment. Elle a dû se coucher il y a une demi-heure… De cela je ne pouvais vous avertir… Vous préférerez peut-être ne pas déjeuner seule avec moi.