Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/226

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

repose des bonnes façons mondaines. Mais s’il lui plaisait tant que ça, je suppose qu’elle ferait mieux que de l’inviter quand elle a deux cents personnes, et de rendre à madame Marken une visite sur dix…

— Comment savez-vous qu’ils se rencontrent souvent dans le monde ? Est-ce que vous y allez ? Ou bien vous parle-t-elle de lui chaque fois qu’ils se sont vus ?

— Quel interrogatoire ! Non, je ne vais pas dans le monde, excepté pour y jouer. Non, elle ne me parle pas de lui. Je sais les faits et gestes de Marken par madame Steinweg, dont la sœur est une de mes élèves de violon. Madame Steinweg s’est toquée de Marken et n’a jamais fini de raconter des histoires sur lui.

— Comment est-elle ? Gaie ? Triste ?

— Ce n’est pas madame Steinweg que vous voulez dire, je pense ? Comment est Jacqueline ?… Un peu différente. Elle a plus d’indépendance d’allures. Si elle voulait quelque chose, elle le voudrait plus énergiquement, je crois. Elle n’est ni gaie, ni triste. Elle doit s’ennuyer. Elle s’occupe d’une foule de choses, mais sans ardeur vraie. Elle continue à voir des pauvres. Elle est généreuse, bonne même, mais elle met de trop belles robes pour aller chez eux. Elle a souvent des déconvenues avec ses protégés, et elle les raconte avec beaucoup de verve. On dirait que ça l’amuse de ne pas réussir dans ses charités, et qu’elle continue pour se donner un plaisir d’ironie.

— Vous vous voyez constamment ?

— J’ai pris l’habitude d’être là comme un tampon, au temps où le ménage marchait si mal.

— Vous êtes très liée aussi avec monsieur des Moustiers ?