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Elle a détourné la conversation ; évidemment, elle avait peur d’en dire plus qu’elle ne voulait…

— Et puis ?

— Elle demandait de vos nouvelles, presque tous les jours. Elle vous citait lorsqu’elle affirmait quelque chose. Elle disait : « Il penserait cela, il jugerait ainsi. » Pendant des semaines, votre souvenir l’a hantée.

— Et après ?

— L’été, je ne l’ai pas beaucoup vue. Quand je suis allée la retrouver à la campagne, en octobre, elle n’as pas une seule fois prononcé votre nom, pendant tout mon séjour… Pardon, pauvre Erik, je vous fais plus mal ?

— Non. Il faut de l’étonnement pour ajouter au mal qu’on a. Et je ne suis pas étonné… Ça devait être ainsi. Pourquoi penserait-elle à moi ?… Elle aime toujours son mari ?

— Oh ! non, certes non ! Elle s’est très vite consolée de son grand désespoir… Leur vie a été difficile pendant quelque temps. Elle était très dure avec lui… Il a eu une patience !… Il a fait ce qu’il a pu. Mais la vanité de Jacqueline n’a pas pu pardonner.

– Soyez tranquille, si elle ne pardonne pas, c’est qu’elle l’aime encore… Il aura son heure. Il est si séduisant, ce personnage !

— Vous vous trompez. Je vous garantis qu’elle ne l’aime plus, si tant est qu’elle l’ait jamais vraiment aimé ! Maintenant, les choses marchent tranquillement ; elle ne s’occupe plus de lui. Ils se voient aux repas et sortent ensemble le soir. Elle le traite comme on fait d’un indifférent trouvé dans une gare,