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cou si j’allais lui dire : « J’aime votre intelligence, j’apprécie votre caractère et je vous suis entièrement dévoué ; vivons en amis sûrs, calmes et graves » ? Pas du tout ! Je n’ai encore vu aucune femme qui prît plaisir à ce qu’on se montrât moins troublé par sa beauté que sensible à sa valeur morale… Vous êtes ainsi… Oui, mais vous… c’est vous. Je suis bien certain qu’on vous offenserait en témoignant si peu que ce fût de l’émotion créée par votre incomparable splendeur.

— En effet !

— Mais ne seriez-vous pas indulgente à qui — sans se permettre même de penser que vous êtes… telle que vous êtes — vous avouerait souhaiter de toute son énergie un droit à votre pitié, à votre sympathie ? cette sympathie dont j’ai entendu la voix qui brûle, l’autre soir, dans la musique qui pleurait et chantait sous vos doigts.

— Je n’ai jamais eu l’occasion d’accueillir ni de refuser rien de pareil. Ceux qui sont mes amis ne parlent pas de leur amitié. Elle est là, je le sais, cela suffit.

— Ne permettez-vous pas cependant que je parle quelquefois de la mienne ?… J’ai tant besoin de vous ! Ce serait si encourageant, cette tendresse limpide, sans équivoque ! Vous avez vu, tout à l’heure, j’ai tenté de vous mentir… je n’ai pas pu. Vous êtes la seule personne qui m’ait donné l’envie de me montrer à fond, dussé-je en pâtir. Je vous apporte un cœur simplifié — pas très bon, mais si vrai ! — Prenez-le, que craignez-vous ? C’est une œuvre de charité que je vous propose… Grande sœur des pauvres !