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plaisirs, on a besoin d’être seul, et de se taire. On étouffe de n’avoir pas avoué, et on a une peur folle que quelque circonstance fasse sortir de soi le secret acharné… On est certain de n’être pas compris, ou, si on vous comprend, d’être repoussé, parce qu’on se sent indigne… tellement !

— Quel rapport a tout ceci avec votre liaison ?

— Ah ! pas le moindre ! Je vous le jure.

Il passa la main sur son front et sourit, très nerveux.

— Je voulais dire seulement que ce n’est pas ainsi que j’ai jusqu’ici aimé madame Simpson, ni aucune autre.

— Pas même Jacqueline ?

— Non. Elle ne s’en serait pas souciée. Quand nous nous sommes mariés, je l’ai trouvée aussi éprise d’elle-même que je pouvais l’être. Elle demandait de l’admiration et de la tendresse, je lui ai donné tout cela et même davantage. Pendant quelques mois nous avons été très heureux… C’est ainsi qu’on dit, n’est-ce pas, pour exprimer que deux êtres échangent des sensations violentes ? Quand notre enfant est mort, elle s’est retirée de moi tout à fait. Oh ! je ne lui en sais pas mauvais gré : dans ces crises, chacun fait comme il peut. Seulement, si nous avions été des amis, notre chagrin nous aurait rapprochés. Ça a été le contraire.

— Est-ce bien sa faute si vous n’étiez pas des amis ? Avez-vous pris les peines qu’il fallait ?

— Nous avons mal commencé, il n’y avait entre nous que du désir ; ça fausse le reste. Et puis, remarquez-le : la vocation de plaire atteint le maximum chez Jacqueline. C’est sa fonction, J’ai répondu à sa