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hommes et des femmes. Traitez-moi comme un camarade.

— Ah ! non !… J’entends que, si vous étiez un camarade, je me hâterais de ne vous rien confier. Les hommes sont des brutes égoïstes avec qui il ne faut échanger que du superficiel. Et ce n’est pas de cela qu’il s’agit entre nous… Vous admettez, vous, j’en suis persuadé, qu’il n’y a rien de grave dans cette aventure… Oh ! attendez, ne m’interrompez pas, encore, je sais ce que vous allez dire. Je pense de moi ce que vous en pensez ; seulement, tout de même, je suis informé de mes sentiments, et je vous affirme que ceux que j’ai eus pour madame Simpson étaient dépourvus d’intensité à un point… Voyons, vous acceptez bien que tous les hommes, même de meilleurs que moi – peuvent céder à une tentation vulgaire.

– Je présume que toutes ces tentations sont de même qualité. Mais Jacqueline n’a pas tort de trouver qu’il faut avoir totalement perdu le sang-froid pour risquer d’être surpris, comme vous l’avez été, au milieu d’une soirée.

— Ah ! vous avez bien raison. C’est délirant ! Ça n’a pas de nom ! Depuis quelque temps je suis très absurde. Je ne sais plus choisir mes actes ni leurs circonstances. Je suis détraqué.

— C’est la passion ! Vous voyez bien.

— Ne faites pas une méchante figure ! Non, ce n’est pas la passion — pour madame Simpson du moins ! La passion, c’est bien autre chose que ce mauvais caprice qu’elle m’a inspiré. C’est… l’idée fixe, la vision irrésistible d’une femme. Ça ôte le goût des