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l’avenir. Elle ne reconnaissait plus les forces occultes qui l’avaient conduite si près de la faute. La fatigue l’envahissait. Dans la rue, une tiédeur de printemps l’enveloppa et elle frissonna rétroactivement du froid de l’escalier noir. Elle vit à une horloge qu’il était midi moins le quart. Elle serait en retard pour le déjeuner… Le déjeuner ! La vie de chaque jour qui continuait pareille. Non, rien n’était plus semblable à soi-même. André qui l’attendait n’était plus l’homme qu’il était la veille, ni elle la même femme. Le découragement qui l’avait conduite chez Erik Hansen la ressaisit plus pénétrant, plus désespéré. Elle voyait nettement la folie que cela avait été de croire un moment qu’elle pût refaire sa vie en y laissant entrer cet homme dont tout l’éloignait, excepté son cœur ; mais son cœur était si las ! Elle ne savait presque plus qu’il l’aimait, tant s’imposait avec rigueur la certitude qu’ils ne pouvaient s’aimer.

Elle avait marché quelque temps, d’un pas mou, absorbée dans sa rêverie morose. Elle se décida à faire signe à un fiacre, il fallait bien rentrer. Comme elle y montait, Marken passa en victoria, la salua, se retourna pour la regarder encore. Elle eut le temps de voir l’étonnement et le sarcasme de sa figure. Il pensait que c’était bizarre de la trouver à pareille heure si loin de chez elle. Qu’importait, au reste, ce qu’il pouvait penser, lui et toute la terre ? Cependant elle fut ennuyée de l’avoir rencontré.

Quand elle entra dans sa maison, le concierge lui remit la carte de Maud.

— Madame Simpson a dit qu’elle avait reçu une dépêche, qu’elle était obligée de quitter Paris aujour-