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silencieux. La fierté de lui et d’elle la dilatait. Ils avaient par des voies différentes touché le point culminant d’eux-mêmes, ce point où la haute tension psychique veut atteindre l’absolu par l’union de la chair. Mais le mirage de beauté dont les éblouissait le renoncement d’Erik leur cacha le miracle du désir mué, — pour un instant, – en amour total.

— Je vous aime et je vous admire, dit Jacqueline, lorsqu’ils furent rentrés dans la clarté blanche de la chambre de travail. Quoi qu’il advienne, rien ne rompra le lien qui nous unit. Promettez-moi de ne pas m’abandonner. Moi, je vous jure de me faire un cœur digne du vôtre. Que me donnerez-vous pour m’aider ?

— La douleur humaine. Prenez-la dans vos adorables mains pour qu’elle soit plus légère. Portez-la dans votre âme pour qu’elle en devienne plus forte et… quelquefois, pensez à moi qui ne vais plus vivre que pour vous.

— Penser à vous !… ah ! dieux !…

Elle retrouvait la possibilité de sourire. Sa figure gardait encore quelque chose des grands mouvements de son émotion, mais la grâce câline y revivait et sa pâleur s’effaçait.

Elle restait debout dans une attitude indécise, songeant à s’en aller. Elle dit :

— Il faut que je parte, maintenant.

Tout le romanesque excessif de la scène tomba à cette simple phrase, elle le sentit, et fut embarrassée d’être nu-tête.

Erik rentra dans sa chambre et en rapporta le chapeau qu’elle y avait laissé. Pendant qu’elle se recoif-