Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des baisers sur sa bouche, la marque des étreintes sur tout son corps, et, dans sa pensée, dans sa chair la palpitation atténuée de la honte et de la joie.

De nouveau leurs lèvres se joignirent, et la dernière hésitation de Jacqueline tomba. D’un geste résolu, elle ôta les épingles de son chapeau et le jeta sur une chaise. Mais Erik, la figure blanche, les yeux désolés, arrêta de sa main gelée et qui tremblait la main dont elle dégrafait déjà sa jaquette.

Elle interrompit son geste, stupéfaite.

— Non, dit-il, non, ça n’est pas possible. Je ne dois pas, je ne veux pas abuser de cette mauvaise heure… Ce n’est pas vous qui agissez ici, c’est votre affolement… qui vient d’un autre. Vous ne m’aimez pas. Vous ne pouvez pas m’aimer… Je ne veux pas vous devoir à votre colère, au trouble d’un instant que mon désir a fait naître en vous… Venez, ne restons pas là… Mon courage est si près de sa fin !

— Mais si, je vous aime ! dit Jacqueline hésitante.

Puis, avec un effort réfléchi, elle lui mit les bras autour du cou.

Il se dégagea, se recula d’elle. Sa voix passait difficilement entre ses mâchoires contractées.

— Hier vous en aimiez un autre… C’est lui que vous venez d’embrasser sur ma bouche. J’ai senti votre colère contre lui, nulle tendresse pour moi. Ne savez-vous pas que, s’il n’y avait en vous le besoin de la vengeance, vous n’auriez pas tant de courage à accepter mon amour ?… Je ne veux pas que demain vous me méprisiez… Je vous aime trop, voyez-vous… Et pourtant… Mais non ! Tout est mieux que de vous causer une souffrance… Écoutez-moi, je n’ai jamais menti : Je