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peut-être encore en vous le courage de quelque insulte, et je ne pourrais pas la supporter… Je suis à bout.

Elle s’assit, le cœur lui manquait. Elle s’accouda sur la table et posa son front dans sa main. L’épuisement de la nuit sans sommeil lui faisait un teint de convalescente, ses yeux sertis dans un cercle de lassitude brillaient maladivement, elle semblait plus jeune et d’une débilité exquise.

Les violettes lui soufflaient au visage leur parfum de framboise et de songerie.

— Savez-vous bien ce que vous faites ? dit Erik après un silence. Savez-vous qu’en jouant ainsi avec moi vous risquez un peu de vous-même ? Êtes-vous sincèrement la dupe de vos nerfs, ou bien cruelle à ce point qu’il vous faille me torturer pour détendre votre ennui ?

Il s’assit près d’elle, cherchant son regard.

– Non, ni l’un ni l’autre. Je suis faible comme une pauvre petite. J’ai besoin de tendresse et de sécurité… Soyez pour une heure un bon frère qui m’aime et que j’aime. Dites-moi des mots qui calment et qui font espérer… Après, je m’en irai, et vous n’entendrez plus parler de moi… jamais.

Il prit dans une étreinte étroite la main qu’elle lui tendait et ils se turent.

— Ça me fait du bien de sentir ma main dans la vôtre, prononça Jacqueline d’une voix apaisée d’enfant qui va dormir. Il me semble que je suis protégée contre tout… que je vous appartiens.

Et, ainsi qu’elle l’avait dit, il glissa à ses genoux, tout contre elle, levant vers la sienne une figure de blessé, brûlé par la soif.