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— Davantage. Faites taire votre vanité, aimez votre mari pour lui et non pour vous.

— Mais je ne l’aime plus ! Ne dites pas de vaines paroles, comme un confesseur désireux de parer au scandale. Je vous jure que c’est fini, ce que vous appeliez ma passion. Toute la nuit, j’ai assisté à la destruction de cela en moi, comme on assiste à l’agonie d’un être. C’est fini, mort ! Je ne vous demande pas le moyen d’être heureuse, — ah ! je n’y songe guère ! mais comment je peux retrouver la force qu’il me faut pour continuer de vivre. Que reste-t-il à faire lorsqu’on n’a plus le désir d’être aimée ?

Il se retourna d’un mouvement sec, vint près d’elle et, la regardant du haut de sa grande taille :

— Vous vous croyez débarrassée du désir d’être aimée ?… Et le premier geste que vous dicte votre orgueil déçu, c’est de venir ici m’annoncer que vous n’appartenez plus à votre mari… Que voulez-vous de moi, sinon entendre des mots d’amour, avoir à vous défendre contre une audace possible, vous assurer que vous êtes toujours merveilleusement désirable, bien qu’on vous ait fait l’injure de vous en préférer une autre ?… Pauvre femme… si bien femme !

Jacqueline se leva, les joues brûlantes.

— Oui, dit-elle, c’est ainsi, en effet. Mais, vous pouvez me croire, j’étais inconsciente, je ne savais pas. J’avais foi dans le mensonge que je me faisais à moi-même aussi sincèrement que dans mon amitié pour vous.

— Vous voilà éclairée sur les deux.