Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

normal, à quoi s’adaptent les conventions de la politesse.

— Cela vous déplaît que je sois venue ?

— Oui.

— Vous avez donc des préjugés ?

— Pas des préjugés, mais un peu de fierté… Je vous ai dit hier que je vous aimais, que signifie votre venue, sinon le peu de cas que vous faites de moi ?

— Quelle étrange interprétation ! et si fausse et si folle !… Je suis venue justement parce que vous m’avez dit que vous m’aimiez et parce que je compte sur vous.

— Toujours pour pénétrer les arcanes de monsieur des Moustiers ? J’espérais avoir clos ce sujet.

— Non, ce n’est pas pour cela. J’ai pénétré sans vous ces arcanes. Vous avez raison de railler. Mais laissez-moi vous dire vite, me débarrasser… Hier, dans une soirée, j’ai… surpris mon mari et madame Simpson, vous savez… elle était avec nous à Bayreuth.

— Ah !… Vous avez découvert que monsieur des Moustiers avait une maîtresse, et c’est parce que je vous aime que vous venez me le raconter… Excusez mon ineptie, je comprends de moins en moins.

Jacqueline fut un grand moment sans répondre. Elle eût voulu qu’Erik fût plus souple à entrer dans son chagrin ; cette résistance lui donnait une lassitude, mais non sans douceur. Il lui plaisait qu’il se gardât d’elle, qu’il agît en ami un peu rude. Ses yeux glissaient sur les objets. La paix sérieuse de cette chambre, les livres meurtris de la bibliothèque, le souvenir évoqué de la belle fresque et le lent parfum de violettes, cet