bien que je ne mérite rien, mais elle ! Et vous avez une telle influence sur son esprit !
— … Venez chez moi si vous voulez… Dimanche, à trois heures. Mais songez-y bien ; il ne s’agit que de chercher à réparer le mal que vous avez fait… Je n’ai pas de temps pour les causeries mondaines.
— Ni moi de goût en ce moment, je vous le jure !
Jacqueline s’approcha ; sans regarder André, elle dit d’une voix morne et très dure :
— Je m’en vais. J’emmène Léonora. Vous allez au cercle, sans doute. De toutes façons, nous ne rentrerons pas ensemble. Viens-tu, Léo ?
— Laisse-moi dire bonsoir à madame d’Audichamp. C’est une des rares personnes pour qui je sois polie, Je tiens à la ménager, je lui tire tant d’argent pour mes pauvres !
— Ah ! c’est donc ça ! Je comprends ce que tu viens faire, toi, dans cette maison de rendez-vous !
— Pourquoi ne voulez-vous pas que je vous accompagne ? demanda André lorsque mademoiselle Barozzi les eût quittés.
— Parce que j’ai besoin de me nettoyer les poumons de l’air que vous respirez !
Il ne répondit rien et s’écarta d’elle. En mettant son manteau, Jacqueline regretta d’avoir dit cette phrase emphatique. Elle était trompée, ridiculisée aux yeux de tous ; incapable de se maîtriser, voici qu’elle devenait vulgaire et déclamatoire. Elle sentit sa personnalité s’amoindrir, se désagréger. L’humiliation lui serra la gorge, elle eut des larmes chaudes sous les paupières.