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est aimée comme Iseult est aimée de Tristan… Puis encore, je vous ai regardée lorsque que vous receviez des hommages, j’ai reconnu les espoirs de la fatuité sur le visage des hommes à qui vous faisiez l’aumône de votre décevante attention… et, pendant tout cela, j’ai su que vous poursuiviez le rêve d’autres choses suscitées en vous par la pièce ou par la musique… Je sais comme personne, madame, à quel point votre vie vous satisfait mal.

— Je ne compte pas discuter les hypothèses qu’il vous plaît de faire là-dessus. Mais, puisque vous avez l’indiscrétion de vous tant intéresser à ma personne, comment avez-vous attendu si longtemps pour demander à mon mari de vous présenter ?

— Il y avait des jouissances d’esprit très exquises, et nul risque à être si près de vous sans que vous le sachiez. En m’approchant davantage, j’avais la chance de tout déranger si — comme cela s’est produit — je vous étais antipathique. On vous a dit beaucoup de mal de moi, n’est-ce pas ?

— Mais non… à peine…

— En tout cas on vous a trompée. Je suis pire et je vaux plus que ne le savent les plats imbéciles et les canailles qui me tolèrent pour m’exploiter. Je le leur prouverai !

Madame d’Audichamp se levait.

— Encore un mot, dit Marken, pendant qu’ils traversaient la galerie, et je vous demande une franchise que mon orgueil mérite. Votre jugement de moi est-il tel que je doive me tenir à l’écart de vous ?

— Je n’ai pas encore d’idée bien arrêtée sur la question.