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il ne s’était pas une fois adressé à elle, et, instinctivement, elle s’était un peu détournée. Elle sentit croître son froid nerveux et remonta son boa en répondant :

— Mais si, certainement !

— J’ai eu quelque mérite à ne pas vous importuner jusqu’ici. Je souhaitais tant causer avec vous ! Évidemment, puisque vous ne partagiez pas ce sentiment, j’aurais dû m’abstenir jusqu’au bout… Mais qui sait si jamais nous nous retrouverons côte à côte ?

— Est-ce que vous allez quitter la France ?

— Non, mais quelle chance y a-t-il pour que nous nous rencontrions ?

— Oh ! toutes les chances. C’est très petit, Paris !

— Il ne suffit pas d’habiter la même ville pour causer ensemble.

— Vraiment si, quand on le veut.

— Croyez-vous que je le veuille ?

— Comment le saurais-je ? Vous ne l’avez guère témoigné ce soir.

— Vous écoutiez Barrois avec un tel intérêt !…

— Vous aussi, à ce que j’ai cru voir.

— Oui, mais avec moins de plaisir que vous, et cela pour des raisons que je n’ai pas envie de vous raconter. Au reste, je m’aperçois que je ne sais plus rien de ce que je voulais vous dire. J’ai la tête trouble.

— La migraine peut-être. Les calorifères de madame d’Audichamp sont meurtriers.

— Je ferais sagement d’accepter l’hypothèse du calorifère nocif ; mais on n’est pas sage… Non, je n’ai pas la migraine… Madame, on vous exprime tous les