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de telles questions que les politiques au sourcil compétent. Le monsieur qui déclare la guerre n’est que la trompette dans laquelle souffle la lointaine volonté des causes invisibles.

— Mais, mon cher maître, éclata le ministre, de la voix dont il usait pour interpeller, aux époques où il ne faisait pas partie du cabinet, vous négligez vraiment trop le facteur si important que représente dans la conduite politique d’un peuple ce que vous me permettrez de nommer son caractère ancestral. Les peuples recommencent toujours les mêmes actes comme ils conservent leur figure et leurs passions particulières. Par exemple, la guerre de Sertorius en Espagne a la même allure d’embuscade que la guérilla au temps de Napoléon. Et souvenez-vous que César a dit des Gaulois qu’ils se battaient et parlaient bien. Les Français restent tels !

— La formule n’a pas gagné en précision à être si souvent citée. Je veux me persuader que tous les Français se battent en perfection ; quant à bien parler… Au reste, à quels Français faites-vous allusion ? Aux Bretons qui ne savent pas le français ? Aux Grecs de Marseille ? aux Sarrasins de Bayonne ? aux Flamands de Lille ? On diffère d’aspect et de façons dans ces diverses régions, sans parler des idées. Pour moi, je vous confesse mon incapacité à reconnaître les caractères par où une race diffère des races limitrophes. Et quant à savoir ce qui exprime la volonté générale d’un peuple…

— Mais on l’aperçoit assez dans le gouvernement qu’il se donne.

— J’aurais mauvaise grâce, — au moment où nous