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le sens qu’attachent aux vocables les personnes avec qui l’on cause. Les malentendus viennent de ce qu’on interprète différemment le dictionnaire.

— Il n’y a pas deux interprétations : être sûr de quelqu’un, c’est savoir qu’il est, et restera pareil à ce qu’il paraît être.

— Bon ! mais il peut vous plaire de prendre pour un héros, un brave homme d’âme paisible. Et alors, s’il agit en brave homme et non en héros, lui saurez-vous mauvais gré de se montrer différent de l’idéal que vous vous étiez fait de lui – et qui ne lui ressemblait pas ?

— Mais je ne suis ni sotte ni folle ! Si je vous ai admiré, vous, c’est que votre intelligence me cachait votre caractère. J’ai conclu de l’une à l’autre. Vous m’avez démontré que je me trompais. Je suis fondée à dire que vous m’avez déçue, car c’est vous qui m’avez renseignée sur vous-même.

— Laissons cela. Vous aurez toujours raison de moi. Mais il s’agissait de votre mari. Élucidons cette affaire. Vous dites qu’il reste pareil. Pareil à quoi ? Voilà la question. Qu’exigez-vous de lui ? Qu’il soit beau ? Il l’est. Qu’il sache dire, sur tout sujet, des choses suffisamment ingénieuses pour qu’on ne songe pas à leur souhaiter de la profondeur ? Bien ! Quoi encore ? Qu’il ait un grand goût, qui s’applique aussi justement à vos toilettes qu’aux ouvrages de l’esprit ? Qu’il pratique élégamment la générosité, se batte en duel avec une correction aisée ? Il est apte à tout cela. Mais est-ce bien la synthèse de votre idéal ?

— Résumons-nous d’un mot. Il faut que, sentimentalement comme en ses actes, il soit incapable