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madame d’Audichamp, qui sait son métier de maîtresse de maison, vous a promis que vous verriez Jacqueline des Moustiers.

Le regard de Barrois circula autour de madame Simpson comme s’il eût voulu bien vérifier la place qu’elle occupait avant de l’en ôter définitivement.

— Ce m’est toujours une grande joie de la rencontrer, dit-il ; elle est susceptible de faire des idées, son cœur est excellent et sûr. On n’en peut pas dire autant de vous toutes, mesdames.

— Oh ! cher ami, je vous en prie, pas de généralisations insultantes ! s’écria madame Steinweg. Si vous avez envie d’injurier Maud, ayez l’obligeance de parler au singulier.

— Je n’ai aucune envie de cette sorte. Les jolies femmes ont droit au respect et à l’admiration pendant tout le temps que dure leur beauté.

— Et après ? demanda madame Simpson.

— Oh ! après !… Elles récoltent ce qu’elles ont semé. La nature a décidé qu’il était juste et régulier qu’il en allât ainsi.

— Que pensez-vous que je récolterai quand j’aurai des cheveux blancs et des rides, comme vous ?

— Des graines d’amertume, car c’est de l’amertume que vous répandez.

— Vrai ? Je n’aurais pas cru ; mais, renoncez à ce langage biblique et démodé : dites comment vous nommez en termes courants ces amertumes que je sème.

— L’ironie, le mensonge, la cruauté, l’indifférence surtout ; car nulle n’a le cœur plus sec que vous ne l’avez.