Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Ils se poussent, dit Allemanne.

— Qu’est-ce que c’est, en somme, que ces gens ? Savez-vous ? demanda Maud en regardant de loin madame d’Audichamp, qui, pour accueillir les arrivants avait amorti la bienveillance éclatante qu’elle répandait sur Léonora.

La perfection de sa politesse établissait une distance entre elle et les Marken.

— Non, je ne sais pas, répondit le peintre. Personne n’est tout à fait renseigné. On raconte que Marken a frisé, frise ou frisera la police correctionnelle ; quand on demande pourquoi, les gens se défilent. Ils ne savent pas. On leur a dit ça ! Qui ? Ils l’ont oublié. Il y a autour de lui une atmosphère équivoque. Mais de quoi elle est faite ? Ce n’est pas moi qui vous l’expliquerai. Il passe pour emprunter de l’argent à tout le monde, mais je n’ai jamais entendu personne se targuer de lui en avoir prêté. La femme est bête comme ses pattes, ne comprend rien à rien. Il la rend assez malheureuse ; mais je crois bien qu’elle se venge avec Morin, une espèce de reporter joli garçon qui fait les interviews d’actrices et les crimes passionnels.

— Vous avez raison de ne pas vous associer aux calomnies qui courent sur Marken, mon cher, c’est très bien à vous, dit Lamare. J’ai la plus grande estime pour son intelligence. Il a un sens musical si fin ! il rend service, avec de jolies façons d’être reconnaissant de ce qu’on lui demande !

— Il me plaît assez, dit madame Steinweg ; il a un air à lui. Regardez comme il tranche fortement sur tous ces individus vagues qui attendent leur dîner. Tenez, le voilà qui cause avec André des Moustiers.