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— Mais oui, c’est ce qu’on m’a dit, et je n’y ai rien compris. J’avais inscrit notre rendez-vous pour demain, vous vous serez trompée.

— C’est impossible. Rappelez-vous. C’est vous même qui avez insisté pour cette date, et vous n’avez dit que demain votre après-midi était pris tout entier. Ça n’a pas d’importance ; seulement, j’ai perdu ma journée ; André, qui devait venir me prendre à quatre heures — après notre musique — pour aller voir les tableaux chez Petit, a été retenu au cercle par je ne sais quelle histoire de duel. J’ai vécu avec mon chapeau sur la tête, une revue à la main, regardant à chaque instant par la fenêtre, et démoralisée par le sentiment du désordre universel.

— Je vous demande pardon, il faut que je sois folle, car je savais bien ce que j’avais à faire de deux à six et que je ne pourrais être chez moi !

— C’étaient aussi des affaires de duel à arranger ? demanda madame Steinweg, d’un air de candeur et d’intérêt.

— Toutes les affaires de la vie sont des affaires de duel, répondit Maud.

— Vous êtes terriblement occupée, j’imagine, à votre ordinaire ? continua madame Steinweg, toujours affable.

— Oui, assez.

— Dites-nous par quoi.

— Comme ça vous assommerait si je me mettais à vous raconter ma vie !

— Je suis sûre que ça m’amuserait — comme la comparaison est absurde ! — autant que les mauvais livres amusent les petites filles… Eh bien, Jacqueline, vous nous plantez là ?