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je vous raconte là est presque de l’histoire ancienne. Car Herbault, qui a une pièce en répétitions aux Variétés, m’a raconté qu’André est depuis six semaines l’amant de Singly… Vous savez, cette drôle de bonne femme, qui a l’air de se nourrir avec du poivre et du vinaigre ? Elle a lâché, pour se mettre avec lui comme elles disent — le vieux Dalton, le collectionneur, et même, ce qui est plus important, Marken, qui lui faisait faire des réclames folles dans tous les journaux… Ça ne vous intéresse pas, mes potins ? Vous n’avez pas l’air de m’écouter.

— Si, comment donc ! avec ardeur… J’ai tout très bien entendu : l’étrangère, Singly, le vieux Dalton, Marken… C’est très amusant, par la façon dont vous le dites. Vous avez un art si incomparable du récit ! Vous y mettez un accent qu’on n’est pas accoutumé d’entendre dans le monde… C’est, sans doute, un peu du génie de votre race !

La crispation des lèvres, qui découvrit les dents de madame Steinweg, devait probablement être un sourire ; elle n’eut pas le temps de répondre. Jacqueline rejoignait le groupe. Les paroles rituelles des rencontres mondaines s’échangèrent.

— Nous causions de vous, chère, commença madame Steinweg, nous remarquions que vous êtes ce soir encore plus jolie que de coutume.

— Qui sait comment je serai demain ? répondit Jacqueline.

Et, s’adressant à madame Simpson :

— Maud, vous aviez donc oublié que nous devions lire le nouveau cahier de Schumann. Je suis allée chez vous et vous étiez sortie.