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dire — vous avez été sur le point d’aimer d’autres hommes.

Jacqueline fut un moment sans répondre ; puis, hésitante :

— C’est vrai, dit-elle, mais…

— Mais ? Vous alliez ajouter : ce n’est pas la même chose. Ce qui signifie qu’en vous trahissant votre mari serait coupable, parce que responsable, tandis que vous…

— Ah ! comme vous avez raison ! Quel mépris de moi-même vous me donnez ! C’est parce que je pense ainsi que je ne mérite pas qu’il m’aime comme je voudrais. Enseignez-moi comment réaliser ma vie. Parlez-moi, mon bon, mon cher ami !

— Je vous prie de m’excuser ! Mais, au cas même où j’aurais les moyens de vous obéir, je ne m’en servirais pas.

– Pourquoi ? Qu’y a-t-il ? Vous ai-je blessé ?

– Pourquoi ?… Parce que je vous aime follement… mortellement… Et vous exigez trop en voulant que je vous aide à cultiver votre passion pour un autre… pour celui-là !

Il salua et partit rapidement. Immobile au bord du trottoir, Jacqueline le regarda s’éloigner, tandis qu’autour d’elle des enfants couraient avec des piaillements de peur et de plaisir sous l’argent froid du soleil d’hiver.