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— Parce que — je pense cela si fort, aujourd’hui ! — il y a pour chaque femme un homme particulièrement destiné : mon mari est cet homme-là pour moi. J’ai mis longtemps à le comprendre ; j’ai laissé s’élever entre nous une sorte de malentendu que je ne puis élucider. C’est bizarre de vous avouer tout cela…

— Je suis très sensible à l’honneur que vous me faites, croyez-le, riposta Erik, dont la bouche souriait mécaniquement, bien que ses yeux restassent durs et distraits.

— Certainement, si vous le voulez, vous pouvez m’aider. Je vous supplie de venir chez moi. Il faut que vous connaissiez André ; et puis vous me conseillerez.

— Qui vous a fait croire, madame, que je fusse propre aux étranges emplois que vous me destinez.

– J’en suis sûre ! Avouez que vous comprenez pourquoi je ne parviens pas à être pour mon mari une amie profonde, à absorber toute sa pensée en lui donnant toute la mienne, à faire qu’il n’y ait que moi qui compte dans sa vie, comme dans la mienne il n’y a que lui.

— Monsieur des Moustiers vous est-il fidèle, madame ?

— Pouvez-vous en douter !

Il y avait de la colère dans son exclamation.

— Cette fois, vous conviendrez que je vous ai choquée ?

— Oui, un peu.

— Alors, c’est donc que monsieur des Moustiers vaut mieux que vous, puisqu’un soupçon sur sa fidélité vous indigne, alors que — c’est vous qui venez de le