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femmes – même lorsqu’elles auront, en masse, la passion de la responsabilité — pour collaborer à la suppression de la famille ? C’est leur sauvegarde.

– Il semble ainsi, aujourd’hui. Les femmes de l’avenir seront différentes de celles qui ont tant besoin d’abriter leur faiblesse au foyer conjugal… Déjà maintenant il y en a d’autres, et nombreuses. Je connais en Russie et ailleurs, des jeunes filles hautement nées, belles, de forte instruction, qui ont renoncé volontairement, passionnément à l’esclavage du luxe, et qui, mal vêtues, mal nourries, mal logées mènent des vies utiles et dangereuses. Ces femmes-là enseignent, soignent les simples, à qui elles savent se rendre semblables ; font de la lumière dans les têtes obscures, diminuent le vice et développent l’espérance. Vous avez vu des figures pareilles dans des livres qui amusent votre goût littéraire, et vous avez pensé qu’elles s’étaient embellies d’avoir traversé des cerveaux de grands artistes. Elles sont strictement vraies. Mais ce ne sont pas là des Parisiennes, amoureuses de leur plaisante geôle.

– Pas si plaisante !

— Souffrez-vous dans la vôtre ?

– Je commence.

– Sortez-en.

– Comment faire ?

— Vous conquérir vous-même. Vous devez connaître vos points faibles ? Attaquez-les. Pourquoi souriez-vous, de cet air de moquerie inquiète ?

– Parce que je pense à ces points faibles.

– Qui sont ?

– Le désir d’être aimée, fit-elle à demi-voix.