Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vous venez de dire le mot qui enferme le destin des femmes : vous avez peur de la responsabilité ! Depuis le commencement des sociétés, la femme est en esclavage. Le sens de la responsabilité n’a pas pu se développer en elle. C’est parce qu’elle se sent et se veut irresponsable qu’elle n’a pas de solide moralité. La parole donnée est sans force, pour elle. Elle n’a pas non plus notre honneur grossier quant aux questions d’argent. Comment l’aurait-elle ? Elle est irresponsable ! Elle ment, parce que le mensonge est la défense des faibles. Il faudra qu’elle abuse longtemps de sa liberté, avant de se nettoyer des marques de la servitude. Cela viendra lorsque, débarrassée des lois hostiles et du despotisme de l’homme, elle sera parvenue à se désasservir d’elle-même.

– Vous méprisez les femmes ?

– Non. Je pensais à celles de votre monde, qui dans leur jeunesse pratiquent l’adultère sans amour, et, plus tard, manigancent des mariages riches pour leurs filles, ou risquent des intrigues équivoques afin de pousser leurs fils dans les carrières, celles, qui à l’ouverture des testaments trouvent moyen de fausser la loi, et maintiennent avec des mains acharnées et stupides la mauvaise bâtisse de la famille, cette fondation inique de l’égoïsme humain.

Jacqueline regarda la figure assombrie d’Hansen.

– Alors, dit-elle timidement, il faut aussi supprimer la famille ?

– La famille surtout, avec les conséquences qu’elle entraîne après soi ; l’infamie de l’héritage, le non-sens de l’éducation individualiste qui fausse les cerveaux…

– Mais je suppose que vous ne comptez pas sur les