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— Satisfaite ! Oh ! non, André, je ne suis pas satisfaite, je suis terrifiée… mais pas seulement cela. Qu’ai-je donc été pour vous, pauvre moi ! Quelles impatiences j’ai dû vous donner ! Je suis si peu, pour vous contenter !… Mais je ne vous ai pas contenté, même un moment. Ce désir universel doit vouloir toutes les femmes aussi… Vous l’avez dit, l’autre jour, et je croyais que c’était une plaisanterie…

— Allons, bien !… Comme on a tort de faire des confidences ! Vous n’y avez rien compris ! Ce sont des états intellectuels, la volonté n’y participe pas. Voyons, réfléchissez : si ces appétits me descendaient de l’esprit dans les nerfs, ils feraient de moi un ambitieux frénétique, au lieu que, vous le savez bien, je suis un dilettante aisément rassasié et que suffit à rendre heureux un joli effet de soleil, une conversation gaie, ou le maniement d’un objet d’art un peu délicat.

— Vous n’êtes ni heureux, ni rassasié. C’est du tourment et de la fièvre, ce que vous venez de raconter ; votre accent moquait vos paroles, mais j’ai entendu ce qu’il y avait sous cette moquerie… Vous valez trop pour la vie que vous menez. Cette inquiétude s’apaiserait si vous vous employiez à quelque belle besogne où toute votre puissance intérieure serait requise et jouerait fortement.

— Jacqueline ! Prenez garde ! Nous n’aurons pas fait dix pas de plus que vous me conseillerez de me présenter aux prochaines élections.

— Je n’y songeais pas, je vous le jure ! Mais pourquoi non ?

— C’est bien ça ! J’en étais sûr… Léonora vous aura fait jurer de me convertir au socialisme. Cruelle