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— Donnez-moi le bras, dit Jacqueline.

Et, appuyée à lui, pesant un peu, elle continua :

— C’est dommage que les représentations soient finies. Ça m’attriste de partir, j’ai été heureuse ici.

— Nous reviendrons l’année prochaine.

— Peut-être… Vous aussi avez été ému par toute cette musique ?

— Vous savez bien comme Wagner me monte à la tête.

— Oui… c’est-à-dire, non… Je sais combien, je ne sais pas comment, il agit en vous. Écoutez, il faut que je finisse par vous le dire. J’en étouffe ! J’ai découvert que je ne connaissais rien de vous.

– Vraiment, chérie ! Après huit ans de ménage ?… C’est à désespérer… Je suis un individu si parfaitement simple !

— Non, ah non ! Vous êtes un individu compliqué. Je veux regarder en vous, vous apprendre, comme on apprend un livre difficile, et très beau… sans doute.

— Grands dieux !… Je pensais bien, à voir la figure que vous nous avez faite pendant tout le dîner, que vous prépariez quelque manœuvre pas ordinaire ! Comme c’est troublant ! Ah ! je ne suis pas tranquille.

— Ne plaisantez pas, je vous en prie, tout ceci est sérieux. J’ai la conscience inquiétée, par la certitude qui m’est venue de n’avoir rien fait pour vous de ce que j’aurais dû.

— Mais quelle folie petite aimée ! Vous m’avez donné votre adorable personne, et vous savez bien que de cela je vous resterai éternellement reconnaissant.

Il serra contre lui le bras de Jacqueline. Cette phrase et ce geste la persuadèrent mieux encore qu’il ne leur