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Elle tendit la main et on se sépara.

— Pourquoi m’avez-vous présenté ces drôles de gens ? dit-elle à André lorsqu’ils furent éloignés de quelques pas.

— Marken me l’a demandé : je ne pouvais lui refuser.

— La dame semble être de tempérament familier, observa Maud Simpson ; je crois que vous la reverrez.

— Oh ! vous savez, je mets une certaine énergie à défendre ma porte. Comment trouvez-vous le mari ?

— Très mal, et tout à fait très bien parce que très mal, répondit Maud. Il est beau, incontestablement. Il devrait être ridicule, car il a l’air satanique… et c’est d’un démodé !… Cependant il n’est pas ridicule, Je me demande pourquoi. On se dit qu’il doit être capable de tout, et on sent que ce n’est pas encore assez. J’accepterais de croire sans discuter qu’il ait volé, violé, tué, fait des faux, n’importe quoi ; mais je ne suis pas sûre qu’il n’ait pas commis des actes magnifiques, ou qu’il n’en puisse commettre. Et puis il pratique la blague avec dextérité, ne gobe pas son diabolisme, qui du reste n’empêche pas que sa jaquette aille dans la perfection et qu’il soit aussi bien cravaté que monsieur des Moustiers, et c’est beaucoup dire… Pendant que vous causiez avec votre folle Barozzi, il a été très drôle ; ce n’est que lorsque vous nous avez rejoints qu’il a trouvé bon de devenir stupide.

— C’est simplement, dit André, un irrégulier qui se débat dans les marges de la société, et fait des efforts pour se maintenir. S’il a l’air féroce, c’est qu’il pense à ses créanciers. Les gens ne sont pas si compliqués que ça. Tenez, c’est comme le Norvégien