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— Ma femme tient à ce que nul n’ignore mes sottises, fit-il. C’est vrai, j’ai pleuré. Autant que je me souvienne, c’est la première fois de ma vie, et je n’imaginais pas qu’une telle chose pût m’advenir. J’avais les nerfs en faiblesse…

M. des Moustiers, qui s’était écarté un moment, revint vers eux.

— Rentrons-nous, chère amie ? demanda-t-il.

— Oh ! déjà ! Vous partez, s’écria madame Marken, dont toute la personne eut un instant le pathétique langoureux immortalisé par Bernin. Et où irez-vous en quittant Bayreuth ? Et quand serez-vous à Paris ?

— En décembre, au retour de la campagne.

— Ah ! vous allez à la campagne ! Dans votre château, probablement ? Vous êtes heureuse. C’est une telle beauté, la campagne ! Nous sommes obligés de rentrer pour le feuilleton d’Étienne… Quand on écrit dans les journaux… Mais faites-moi la grâce… Permettez que j’aille chez vous, à Paris. J’ai un tel désir… Étienne aussi… Étienne, pourquoi ne dis-tu rien ?

– Ah ! parce que je trouve que tu en dis bien assez, riposta Marken d’un ton de moquerie amère. Laisse-moi t’indiquer que, dans les pays civilisés, la coutume est d’attendre qu’on ait marqué l’envie de vous voir avant d’imposer sa présence. Or, madame des Moustiers n’a rien fait qui t’autorise à croire…

— Mais si, je serai charmée, interrompit Jacqueline, gênée par la colère à peine contenue qui rendait la figure de l’Italienne incroyablement vulgaire.

Elle ajouta :

— Il est tard.