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de Jacqueline se nuança de quelque curiosité : elle s’étonna de l’impression de violence que donnait le calme de cet homme. Elle le sentit isolé du tumulte ambiant par quelque pensée précise, ou le tour secret de sa mentalité. André avait dit : « C’est un homme singulier ». En effet, il était singulier.

Des paroles vagues se croisèrent. Il fit un pas qui le rapprocha de Jacqueline.

— Comme c’est vain, n’est-ce pas, madame, cette manie que nous avons tous de parler de Wagner ? En cet endroit, le seul mode décent de lui faire hommage serait le silence.

— Tout est dit sur le sujet.

— Au point de vue technique, certes, mais nous sentons le besoin de chercher la formule de l’action perturbatrice que ce dompteur de volontés exerce dans notre vie.

— Ah ! il agit ainsi sur vous…

— Oui, madame. Et sur vous aussi ?… L’être sensible est remué par cette musique de telle sorte que les habitudes de l’esprit en sont troublées, et dans tout ce bouleversement on croit soudain apercevoir… sa destinée.

Il déplut à Jacqueline qu’il éprouvât des sensations si pareilles aux siennes ; elle riposta, très agressive :

— Les révélations que Parsifal vous a faites ne semblent pas vous avoir enchanté !

— Il a pleuré tout le temps, madame, figurez-vous ! intervint la dame aux beaux yeux ; ça se voit assez.

Marken fronça les sourcils, ses joues noircirent sous l’afflux du sang ; il eut, une seconde, une figure de crime ; puis, souriant, blagueur et méchant :