quant une petite personne brune à cheveux luisants, à grandes prunelles d’émail :
— Ma femme, dit-il.
Madame Marken tendit la main et se mit à rire. Cette gaieté de fillette sotte et contente sans raison s’accordait mal avec le caractère de sa beauté. Elle s’écria, parlant vite, avec beaucoup d’accent :
— Oh ! chère madame, quel plaisir de vous connaître enfin ! J’ai si souvent entendu parler de vous par un ami d’Étienne, le professeur Barrois ! Il vous veut tant de bien ! Il a une admiration… Il dit que vous êtes une femme supérieure. Vous aimez la musique ?
Jacqueline avait eu une sensation désagréable à entendre le nom du chimiste, elle répondit sèchement :
— Ne faut-il pas l’aimer pour subir le snobisme qui sévit ici ?
— Ah ! comme vous avez raison ! Je déteste le snobisme ! C’est faux. Et, nous autres Italiens, sommes tellement sincères !… Et puis toutes ces personnes qui ne sentent rien… Étienne est, comment dites-vous ?… arrabiato de ce qu’on lui dit sur la musique… Vous comprenez, lui, il sait ! Il a été un des premiers à venir ici, quand personne encore…
— Ne prends pas la peine de faire ma biographie, interrompit Marken rudement.
La petite femme rougit ; ses paupières battirent sur la méchanceté sournoise de son regard.
Madame des Moustiers, choquée, jeta vers l’écrivain un coup d’œil sans bienveillance. Il était extrêmement pâle ; ses lèvres sèches semblaient froissées de morsures, il avait les yeux meurtris. L’antipathie