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auquel les projectiles ennemis avaient mis le feu, sa brigade, forte seulement de cinq bataillons, se heurta au front largement développé du 4e corps français.

Sans se laisser arrêter par les obus et les projectiles des mitrailleuses qui tombaient dru sur eux, les deux régiments westphaliens s’étaient vivement portés en avant, quand soudain ils se trouvèrent devant un ravin profond qu’ils n’avaient pu voir auparavant. Ils franchissent encore cet obstacle et gravissent le versant opposé, mais alors ils avancent sous une fusillade meurtrière, ouverte sur eux de toute part et presque à bout portant. Après avoir vu tomber presque tous leurs officiers supérieurs et subalternes, les débris des bataillons se laissent glisser au fond du ravin. 300 hommes de cette troupe, qui avait fourni une marche de 45 kilomètres, n’ont plus la force de gravir le versant sud très escarpé : ils sont faits prisonniers. Le reste se rallie, près de Tronville, autour du drapeau tout troué de balles, que le colonel de Cranach, le seul officier dont la monture n’ait pas été tuée, a porté jusque-là de ses propres mains. 72 officiers sur 95, et 2542 hommes sur 4546 manquent à l’appel. Cela faisait plus de la moitié de l’effectif.

Les Français suivent de très près la brigade ramenée en arrière, mais à droite ils se voient arrêtés par le 1er régiment de dragons de la garde qui se jette au-devant d’eux sans que rien puisse l’arrêter et perd 250 chevaux et presque tous ses officiers, tandis qu’à gauche le 4e escadron du 2e régiment de dragons de la garde engage la lutte contre les chasseurs d’Afrique trois fois plus nombreux que lui.

À ce moment les Prussiens se voient menacés par une puissante masse de cavaliers qui, sur le point de charger, apparaissent sur la croupe découverte de la hauteur de