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390 LA GUERRE DE 1870. tement de la poursuite; tous, meme les dilettantes, sont de cet avis, et pourtant dans la pratique cela n’a lieu que rarement. L’histoire militaire nous fournit peu d’exemples de victoires de `ce genre, et la célèbre poursuite de Belle- Alliance' est un fait isolé. Il faut au général en chef une volonté bien forte, une volonté sourde à la pitié pour im- poserde nouveaux efforts etde nouveaux dangers àdes trou- pes qui pendant dix ou douze heures ont marché, combattu et souffert la faim, au lieu de leur accorder le repos et le pain qu’elles espéraient. Mais, même si le général victorieux. est doué de cette volonté, la poursuite dépendra tout au- tant des conditions dans lesquelles la victoi1·e aura été rem- portée. On ne pourra guère la faire si toutes les unités, comme ce fut le cas à Kôniggratz', se sont tellement con- fondues et emmêlées surle champ de bataille qu’il eûtfallu des heures pour les reconstituer, ou si, comme à Saint- Quentin, on aura dû engager absolument toutes les troupes, jusqu’aux dernières réserves, si bien qu’on ne disposait plus d'une seule troupe d’infanterie compacte. Et sans le secours d’une telle troupe, la cavalerie ne saurait a elle seule se charger de la poursuite, surtout de nuit, alors _ qu’elle se verra arrêtée par le plus petit obstacle que pré- sentera le terrain et la plus petite fraction ennemie qui lui tiendra tète. ` Aussi le général de Gœben ne se mit-il a poursuivre que . le lendemain l’ennemi qu’il venait de battre. La cavalerie prit les devants et courut _le pays jusqu’aux, faubourgs de Cambrai, aux glacis de Landrecies. Elle ne rencontra de résistance nulle part et ramassa quelques centaines de traînards. Les divisions d’infanterie suivirent jusqu’à la 1. Waterloo. ·— 2. Sadowa. (N. d. T.)_ _