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Metz par le sud et contraindrait de la sorte l’adversaire à battre en retraite ou à accepter la bataille. Au cas où celle-ci aurait une issue malheureuse, la deuxième armée serait recueillie par la troisième franchissant les Vosges et se portant au-devant d’elle.

La première armée s’était, contrairement à ce qui avait été prescrit par le grand état-major, étendue dans la direction du sud vers la Sarre ; de la sorte son aile gauche empiéta sur la ligne de marche assignée à la deuxième armée et, de toute nécessité, des fractions appartenant à l’une et à l’autre devaient se croiser le 6 août à Sarrebruck. Dès lors, on était sûr qu’il y aurait sur ce point des forces en nombre suffisant ; mais comme on n’avait pas l’intention de livrer une bataille ce jour-là, comme il n’était pas probable qu’il y en eût une, on n’avait pas pris de dispositions pour qu’elles y arrivassent simultanément ; de plus, les itinéraires qu’elles suivaient différant fort les uns des autres, elles n’y pouvaient arriver que peu à peu et à des heures différentes.

Ce fut la 14e division (du VIIe corps d’armée) qui arriva la première à Sarrebruck, le 6 août, vers midi.

Le général Frossard s’y était cru trop exposé et, dès la veille, avant même que la demande qu’il avait faite d’être autorisé à battre en retraite lui eût été accordée, il avait pris position, avec le 2e corps, en arrière de Sarrebruck, à Spicheren, où il se retrancha. Plus au sud étaient postés, à des intervalles de 15 à 30 kilomètres les 3e, 4e et 5e corps et, à la distance de 37 kilomètres et demi, la garde impériale. L’empereur était donc à même de concentrer, aux alentours de Cocheren, par exemple, cinq corps d’armée en vue de livrer bataille, ou du moins, si le général Frossard, confiant en sa forte position, tenait