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DE PARIS.

venait toujours d’autres êtres et se rapportait constamment à eux. Rendre heureux tout ce qui nous entoure, et voir briller la joie dans les yeux de ceux que nous aimons, est un plaisir digne des dieux ; car le Créateur lui-même n’en connait pas d’autres (1). Pour moi, qui n’ai plus que des souvenirs de bonheur, et qui suis forcé d’appeler à chaque instant la raison à mon aide, j’abandonne ces beaux lieux comme un sourd quitte un concert (2).

Heidelberg. Qu’un infortuné me demande en quel (1) L’hypocrite ! (2) Qui ne croirait, après avoir lu ces phrases toutes sentimentales que M. Kotzebue est en effet l’homme le plus douloureusement affecté, l’époux le plus tendre, et que jamais il ne se consolera de la perte récente de sa bien aimée Chrystel ? Détrompez-vous, lecteurs ; il vient de se marier pour la troisième fois ; et pour peu que sa nouvelle compagne veuille bien avoir la complaisance de se laisser mourir au bout de quelques années, il y a tout lieu dc croire que cet époux fidèle ne s’arrêtera pas en si beau chemin ; le tout parce que, dit-il ingénument, l'homme bon et cultivé ne saurait jouir seul.