Page:Volterra - Henri Poincaré l'oeuvre scientifique, l'oeuvre philosophique, 1914.djvu/272

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

provient de ce qu’ils ne veulent raisonner que sur la science déjà faite. Or, la science la plus instructive pour le philosophe, c’est la science qui se fait ; si nous voulons connaître les caractères les plus profonds de la pensée mathématique, c’est au moment de l’invention qu’il faut la saisir.

Poincaré ne s’était guère préoccupé du problème de l’invention darce ses premiers écrits, et nous comprenons facilement pourquoi. Il voulait faire de la critique objective, il voulait rester placé sur le terrain des faits scientifiques. Or, quoi de plus individuel, quoi de plus fuyant que l’invention ? Lorsque pour la première fois, dans une conférence faite à l’Institut psychologique en 1908, Poincaré aborda en face l’étude de cette faculté mystérieuse, il voulut donner aux remarques qu’il présentait un caractère personnel, pour ne pas dire auto-biographique. Il hésitait à généraliser ses observations, qui, disait-il, restaient malgré tout bien hypothétiques, aussi bien ne lui était-il pas possible de les expliquer complètement. À la suite d’un long travail inconscient ou subconscient, dit Poincaré, l’idée décisive jaillit tout à coup comme un éclair et elle s’impose immédiatement avec une certitude absolue. Pourquoi ? Comment ? Nous l’igno-