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abaisser la science. Il anoblit bien plutôt la connaissance vulgaire en la rapprochant du raisonnement mathématique ; car il n’y a selon lui qu’une seule manière de savoir, qui est la manière du savant. C’est là un trait qu’il importe de bien saisir si l’on veut comprendre les idées de Poincaré sur les rapports des sciences à la philosophie et le point de vue où il se place pour discuter les notions qui ne sont pas purement scientifiques.

Lorsque, par exemple, Poincaré décrit la genèse de la notion de temps, il spécifie bien qu’il ne considérera que le temps mesurable, le temps quantitatif ; quant à la durée bergsonienne, à supposer qu’elle soit quelque chose, il ne faut pas chercher à la connaître.

Lisons, d’autre part, pour prendre un autre exemple, le mémoire sur l’Évolution des lois présenté par Henri Poincaré au Congrès de philosophie de Bologne (1911).

Il s’agit de savoir si les lois de la nature peuvent changer, au sens historique ou chronologique du mot, c’est-à-dire peuvent être autres dans le présent qu’elles n’étaient dans le passé et qu’elles ne seront dans l’avenir. En appliquant à ce problème ses méthodes habituelles de raisonnement, Poincaré montre que le savant a toujours le droit d’admettre que les