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henri poincaré

répandre ses pensées et de n’en cacher aucune. Il a donné, à mesure qu’il a trouvé, largement, en grand seigneur, qui, ayant un patrimoine immense, est sûr qu’aucune dépense ne peut l’épuiser. Il n’a jamais hésité entre le désir de faire connaître sa pensée à un large public et la crainte d’exposer des résultats qui n’étaient pas mûrs. Un flair exceptionnel le sauvegardait des fautes. Il a toujours dévoilé ses idées et il n’a jamais caché ses méthodes. Cet art subtil et ingénieux d’exposer des résultat, et de masquer la voie pour y arriver, si cher aux anciens et toujours si tentant, n’a jamais eu de prise sur lui. Il ne s’est pas arrêté pour achever et compléter ses découvertes, pour leur donner une forme systématique et définitive, et cependant il est si doux de s’arrêter et de regarder de tous les côtés ce qu’on a trouvé et qui est bien à soi, il est si agréable d’en découvrir des faces nouvelles et d’en tirer des applications.

Mais Poincaré a résisté à toutes ces tentations. Il a sacrifié à un haut idéal ces plaisirs du savant. Il a toujours marché en avant. De nouvelles questions l’attendaient. Le temps de s’occuper du détail des vieilles questions ne venait jamais. Je crois même qu’il s’est toujours défendu systématiquement des détails