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en connaître les origines lointaines — prélogiques, pourrait-on dire — et la genèse psychologique. Il n’y a pas, écrit Poincaré, de logique et d’épistémologie indépendantes de la psychologie. Si donc nous voulons pénétrer à fond une notion telle que celle de l’espace, et comprendre les raisons des propriétés que le sens commun lui attribue, il nous faut recourir à l’introspection, analyser en détail nos sensations et chercher comment l’homme peut parvenir progressivement à former cette notion dans son esprit. Intéressante en elle-même, cette synthèse psychologique apportera d’ailleurs à la théorie de la science, telle que nous l’avons esquissée plus haut, un complément fort utile. Par exemple, nous avons dit que les hypothèses de notre géométrie nous étaient suggérées par les propriétés des corps solides. La psychologie nous apprendra que cette opinion est plus vraie encore que nous ne le pensions : car, si on va au fond des choses, on s’aperçoit de la raison principale pour laquelle la géométrie des corps solides nous paraît être commode, est que les différentes parties de notre corps jouissent précisément des propriétés des corps solides. Et les expériences qui légitiment cette géométrie sont avant tout des expériences de physiologie.